Je me souviens de cette corne de brume qui dispensait sa plainte les jours de brume épaisse...
Je ne me souviens plus en quelle année elle fut désactivée, mais je regrette cette musique qui avait bercé mon enfance.
Ce dont je me souviens, c'est de cette plainte languissante...
Avant d'avoir ouvert les yeux, de bon matin, la couleur était annoncée, cotonneuse, opaque.
Ce voile était installé et dans quelques heures, si la chaleur se faisait sentir à travers cet écran brumeux, il se déchirerait doucement pour laisser place à la lumière du bleu intense.
Mais à cet instant précis, je pouvais décider de m'enfoncer dans mon lit et d'y rester un peu plus longtemps, m'enfoncer dans mes rêves, bien à l'abri, bien au chaud...
Je pouvais encore décider de me lever rapidement, m'habiller chaudement et courir sur l'étroite route qui mène au phare.
Pénétrer dans ce petit bout de lande dont je connaissais chaque recoin mais qui devenait, à la lueur de cette atmosphère, magique, mystérieux, théatre de mille contes et fables, peuplé de centaines d'êtres fantastiques.
Tout devenait différent, une chapelle surgissait brusquement au détour d'un petit sentier bordé de murets de pierres, une ruine émergeait soudainement et me racontait son histoire...
Et au loin, j'entendais le ryhtme lent et régulier d'Ar Guéveur ...
Je me souviens... Je n'oublierai jamais cette musique...
loli